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Freddy King

FREDDIE KING

 

Lorsque Freddie King meurt, à la fin de l'année 1976 après une brutale crise cardiaque survenue alors qu'il était en scène, le blues se trouve décapité.
En très peu d'années, ce chanteur-guitariste qui démarra en flèche en 1960 puis traversa une période plus difficile, était revenu aux avant-postes, obtenant une immense popularité dans le monde entier et se présentant comme le rival le plus menaçant de son illustre homonyme, B.B. King.

Freddie King est né le 30 septembre 1934 à Gilmer, petite ville du Texas située à soixante-dix kilomètres de Shreveport. Depuis tout gosse il possède le désir de devenir musicien. Une enfance pauvre qu'il passera dans la ferme familiale où il recevra sa formation musicale ; son père, JT Christian, jouait de l'harmonica et son oncle, le bluesman Leon King, de la guitare. Alors qu'il avait cinq ans, son père se remarie avec Ellae Mae Turner qui amena avec elle sa guitare et ses huit enfants (dont Benny Turner qui sera le fidèle bassiste de Freddie). Il poursuit ses études à la Lake Providence High School et Bruce High School de Gilmer et chante au sein de la chorale de Lake Providence Baptist Junior Choir, une de ces très nombreuses chorales religieuses considérées comme le véritable conservatoire des artistes afro-américains. Freddie y chantera jusqu'à l'age de seize ans.

"Mon père m'emmenait avec lui le dimanche à l'église, comme il chantait dans les chœurs, j'étais fasciné par la musique. Vers ma septième année, ma mère et mes oncles m'ont appris la guitare. Ils jouaient d'oreille et s'amusaient le soir à la maison, après le travail, à pratiquer leur instrument. J'ai aussi pris quelques leçons de piano, je peux même tenir ma place au clavier dans un orchestre comme le mien, mais la guitare est vraiment mon instrument !".

En décembre 1950, la famille King-Turner va s'installer à Chicago au mépris des courants migratoires qui veulent que les texans aillent en Californie. Logé chez sa grand-mère dans le West-Side, non loin du fameux club Zanzibar, sa première préoccupation est de trouver du travail. Il sera fondeur dans une aciérie et connaîtra la dureté quotidienne du Ghetto Ouest de la Cité des Vents. Un accident lui endommage sérieusement les jambes et il devra quitter l'usine.
Freddie ne songe pas à retrouver un travail régulier car son amour pour le blues ne cesse de grandir. Son activité principale consiste à se balader le soir et d'essayer de rentrer, malgré son jeune age, dans les clubs où se pratique le blues. Sa technique de la guitare acquise au Texas et influencée par Lightnin' Hopkins et T-Bone Walker évoluera à l'écoute de Jimmy Rogers, Robert Lockwood Jr et Eddie Taylor qui lui prodiguèrent leçons et conseils. Il avait aussi entendu B.B. King qui devait profondément le marquer.

"Mes bluesmen préférés sont naturellement Muddy Waters et B.B. King. Mon style est un peu le mélange des deux".

Un jour le guitariste Sunnyland Charles l'emmène au "Stop" où jouent Johnny Temple et Baby Face Leroy : c'est la première fois que Freddie voit une guitare électrique. Charles le poussa sur scène et le força à jouer de l'instrument. Quelques mois plus tard Charles l'embauchera et Freddie King aura, à dix-sept ans, son premier engagement professionnel.

"Comme je me défendais pas mal en tant que guitariste, j'ai commencé à gagner ma vie juste avant d'avoir atteint dix-huit ans (je devais me vieillir pour pouvoir travailler). Je me souviens, je jouais sur une guitare acoustique Harmony. Plus tard, lorsque je me suis mis à l'électrique, j'ai pris une Key, et, quand on me l'a volée, une Gibson. Depuis, je suis un Gibson-Star".

Lorsque l'engagement avec Sunnyland Charles se termine, Freddie reste au "Red's Playhall" avec le batteur Sonny Scott et le bassiste Jimmie Lee Robinson, puis il rejoint l'harmoniciste Little Sonny Cooper entouré de Willie D. Warren à la basse et Jesse à la batterie. En 1952 il revient avec Scott et rencontre l'harmoniciste chanteur Earl Payton et ses Blues Cats. Freddie commence à jouer à leurs côtés, tout en continuant à accompagner Scott et Robinson ; puis à plein temps en compagnie de Big Mojo Elem à la basse et T. J. McNulty à la batterie. C'est avec eux qu'il a l'occasion d'enregistrer en 1954 pour la marque Parrot. Le disque ne sortira jamais. Quelques temps après ils sont rejoints par un autre guitariste, Smokey Smothers.
En 1956, Payton & His Blues Cats sont engagés au "Ricky Show Lounge" qui appartient à Margaret Whitfield. Elle enregistre deux titres (elle chante même sur un) pensant les faire éditer par Chess. Mais ils refusent et c'est sur le label de John Burton, El-Bee, qu'ils verront le jour.

"Mon tout premier disque je l'ai enregistré en 1956 pour une minuscule marque locale. Ça n'a pas été un très grand succès, et il a fallu que j'attende encore quatre ans pour faire mon second disque".

C'est alors que Freddie King monte sa première formation avec Big Mojo Elem et McNulty. Il se produira ainsi, en trio, jusqu'en 1958. Par la suite il réunit un nouvel orchestre, plus étoffé, avec Al Locke au saxophone, Harold Burrage au piano et deux vocalistes, Lil Mason et John McCall. Jusqu'en 1960, ils se produiront dans les principaux clubs de Chicago. Sa popularité dans la Windy City lui assure des engagements réguliers mais il a énormément de difficultés à décrocher un contrat d'enregistrement. Chess le refusant toujours, arguant qu'il sonnait comme B.B. King. Il se lie d'amitié avec les jeunes loups du West Side, Magic Sam, Otis Rush, Luther Allison. Il gravera un 45 tours en compagnie de ce dernier.
Syl Johnson, que Freddie King connaissait depuis 1956, le met en rapport avec le pianiste Sonny Thomson qui travaille pour Federal, la filiale de… King, un important label indépendant de Cincinnati, dirigé par Syd Nathan. La veille même de sa première séance, Freddie participe comme accompagnateur à la session de Smokey Smothers. Le lendemain, le 26 août 1960, il enregistre six titres. Le premier simple "Have You Ever Loved A Woman" / "Love Her With A Feeling", se classe dans les R&B charts et Federal sort un second 45 tours. A la surprise générale, ce fut la face instrumentale, "Hideaway", qui devint très vite un énorme succès.

" "Hideaway" a tout de suite été un hit et m'a fait connaître. C'est vraiment ce "Hideaway" qui a été la chance de ma vie. Pourtant, chez King, j'ai souffert d'une très mauvaise promotion et je n'avais aucune liberté pour enregistrer ce que je voulais bien que le pianiste Sonny Thomson, qui m'avait fait entrer chez King où il était directeur artistique, fut un ami (il figure sur mes disques jusqu'en 1962). J'étais brimé : on m'obligeait à enregistrer mes propres compositions, pour mieux me piller. Mieux, vous vous souvenez ce titre, "San-Ho-Zay" (du nom de San Jose, une ville américaine), eh bien, ils l'ont fait écouter à James Brown dès qu'il est arrivé chez King, trois ans après mon enregistrement. Il en a fait autre chose, et est devenu riche. Ça a été la même chose avec "Hideaway", on l'a fait graver par toutes les vedettes maisons, pour faire le plus d'argent possible. Malheureusement, j'étais le seul à pouvoir le jouer comme il fallait, et ça n'a pas marché".

"Lorsque j'ai débuté la carrière musicale, j'ai accompagné des chanteurs de blues comme Howlin' Wolf et Memphis Slim, comme Sonny Cooper et Hank Ballard, c'est ce qui fait que l'on m'a souvent considéré comme un instrumentiste, surtout avec le succès de "Hideaway" qui est un instrumental. Et puis un jour, j'ai osé chanter et ça a marché. Je pense que j'ai une voix très proche de celle de Ray Charles".

"Dans le fond, j'ai eu de la veine, car mon premier disque pour King a été tout de suite un succès, et à vingt-six ans, j'étais connu, ce qui m'a bien aidé ! "Hideaway", en dehors de toute considération financière, est un bon disque, et je pense que c'est celui que je préfère de tous mes enregistrements King. Après "Hideaway" qui était le nom d'un club où je travaillais (le vrai devait être "Hideaway Jump", mais on l'a abrégé), j'ai fait "San-Ho-Zay, et puis un tas de trucs qui ont plus ou moins bien marché".

"Hideaway", ce titre hommage au club de Mel London, le "Hideaway Lounge", Freddie King avoue qu'il n'en est pas l'auteur. C'est Hound Dog Taylor qui le jouait à Chicago, et Magic Sam et lui l'avaient mis à leur répertoire. King en a fait l'un des standards incontournables du blues.
Les séances pour Federal vont se succéder, les succès aussi, avec "I'm Tore Down", "Lonesome Whistle Blues", "The Stumble", etc…
Si bien qu'à la fin de 1961, Freddie a eu six titres classés au R&B Top Ten. Il est une jeune vedette et commence pour lui la vie des grandes tournées à travers les Etats-Unis.
La première le conduira notamment à New Orleans où il joue avec Allen Toussaint, Tommy Ridgely, Ernie K.Doe, Lee Dorsey et Alvin Robinson. Pour sa deuxième tournée, il a pour compagnons Jimmy Reed, Gladys Knight & The Pips, Smokey Robinson & The Miracles, Chuck Jackson et son chauffeur n'est autre que Tyrone Davis.
1962 ne sera pas une aussi bonne année pour Freddie King. Sonny Thompson lui fait enregistrer quelques faces avec sa femme, Lula Reed, ("Boy, Girl, Boy"), qui sont loin d'avoir la classe des précédentes. Puis paraît l'album "Bossa Nova & Blues" qui ressemble à un mauvais canular. On comprend dans ces conditions la désaffectation du public. En plus, Syd Nathan, le boss de King, se fâche avec les disc-jokeys les plus importants du pays qui boudent dès lors ses productions. Si quelqu'un comme James Brown est trop populaire pour souffrir durablement de cet ostracisme, Freddie King prend quand à lui la crise de plein fouet. Il quitte Chicago pour s'établir à Dallas, Texas, retournant de temps en temps à Cincinnati pour graver de nouvelles faces. Celles de 1963 et 1964 sont aussi excitantes que celles de 1960, mais le public ne suit pas et Freddie King retombe vite dans l'oubli. Une nouvelle séance avec l'orchestre de Lonnie Mack en 1966 n'y changera rien. Il devra attendre 1968, un an après son premier passage en Angleterre (dans des clubs et dans des pubs), pour que Cotillion, une filiale d'Atlantic, le prenne sous contrat. C'est le saxophoniste King Curtis qui est chargé de le produire, et il réunit dans les studios de New York un orchestre à peu près identique à ceux que l'on entendait alors sur les disques d'Aretha Franklin. L'accueil mitigé que réservèrent les amateurs à ce premier album s'explique mal. Si sa version de "Hideaway" est loin d'égaler l'originale, il y avait à côté de cela quelques blues de grande classe.
Son second LP pour Cotillion est une réussite totale. Pour la première fois de sa carrière Freddie King s'attaque aux classiques du blues pour en donner des versions qui portent son sceau. Un album superbe.
Sur cette lancée il est pris en charge par le pianiste Leon Russell qui s'était taillé une place de choix dans le monde de la rock music, notamment après sa collaboration à la tournée américaine de Joe Cocker. Il avait créé sa propre marque, Shelter, qui signe Freddie King en 1971.

"J'ai rencontré Leon Russell en Californie au cours d'une TV et il m'a demandé de devenir mon manager. Quand il a fondé sa propre marque de disques, il était tout naturel que je fasse partie de son écurie. D'autant plus que mon contrat avec King arrivait à son terme et que je n'avais rien à perdre."

"J'ai donc gravé trois disques pour Shelter, et je crois qu'ils sont bons, surtout le dernier, "That Woman Across The River". C'est celui que je préfère."

"L'épatant, avec Shelter, c'est que je peux réellement, et pour la première fois de ma vie, faire tout ce que je veux. Revenons sur mon dernier disque, "Woman Across The River", j'aime tout particulièrement le titre qui donne son nom à l'album, une composition de Percy Mayfield, "Danger Zone", qu'avait interprété Ray Charles avant moi. Le morceau de Fats Domino "I'm Ready" me plait beaucoup aussi, de même que "Hoochie Coochie Man" de Muddy Waters. Eh bien vous voyez, tout ça je n'aurais pas pu le faire chez King où l'on m'obligeait à enregistrer uniquement mes compostions. C'est pourquoi, me sentant des ailes, je n'ai absolument pas peur de faire des "remakes" des morceaux d'autres bluesmen. Après tout, on fait bien des "remakes" de mes propres compositions, et Clapton a enregistré deux fois mon "Hideaway", Peter Green a bien fait aussi mon "Stumble" et Stan Webb, qui est avec Jeff Beck un guitariste que j'aime bien, a aussi couvert mon "Driving Sideways" quand il faisait partie de la formation de John Mayall."

"Avec Leon Russell, je me suis mis aussi à la production. J'avais enregistré dans le premier album un titre excellent, "Walking By Myself", d'un certain Jimmy Rogers, un ancien chanteur de blues que tout le monde avait oublié. J'ai réussi à remettre la main sur lui, et naturellement, il a été ravi de reprendre la route des studios. En fait, je n'ai produit que la moitié de l'album dont j'ai arrangé les six titres sur lesquels je joue, l'autre moitié du disque a été produite par J.J. Cale."

Les deux premiers albums que Freddie King réalise pour Shelter lui permettent d'accéder au statut de "Blues-Star", à l'égal de B.B. King, et donc de sortir des clubs du Ghetto pour se faire entendre du jeune public blanc américain.
La célébrité bien méritée dont Freddie a soudainement bénéficié lui permet d'entreprendre de grandes tournées internationales.

"Il y a beaucoup de jeunes noirs, aux Etats-Unis, qui jouent et chantent le blues de façon exceptionnelle. Il leur faudra attendre qu'on vienne les "découvrir". Pour moi, ça a été la même chose, j'ai aussi été dans la misère, avant "Hideaway", bien que j'ai réussi à vivre de ma musique depuis 1956. Aujourd'hui je fais des concerts dans des halls immenses aux Etats-Unis, et çà, ça fait tomber sur moi une pluie de dollars. Mais je fais aussi beaucoup de galas de charité non payés… surtout au bénéfice d'enfants, handicapés ou non. Ceci compense cela…"

Après son troisième album pour Shelter, Freddie King préfère signer en 1974 un contrat chez la marque RSO avec le producteur Mike Vernon. Il grave l'album "Burglar" en compagnie de Clapton, Brian Auger et Pete Wingfield. Les ventes de ce 33 tours, puis celles d'un nouvel enregistrement, "Larger Than Life", gravé l'année suivante, lui permettent d'envisager une troisième production RSO. Elle sera posthume.

Freddie King est pris d'une crise cardiaque alors qu'il est sur scène à Dallas le 24 décembre 1976. On le transporte à l'hôpital où il décède le 28 décembre.

A quarante deux ans disparaissait un bluesman d'une carrure exceptionnelle et qui avait sans doute encore beaucoup à dire. Son âge pouvait lui faire espérer une production encore abondante et toute son œuvre témoignait d'un souci de renouvellement rare chez les bluesmen. Le plus jeune des trois King disparaissait ainsi le premier, au moment où il semblait le mieux placé pour surmonter la crise que traversait le blues. Car, à l'inverse d'un Albert King trop "Noir" pour le grand public et d'un B.B. King qui tentait de se rapprocher du style de Las Vegas, Freddie, tout en intensité et en feeling, avait séduit les amateurs de rock du monde entier. Il se présentait comme l'artiste le mieux placé pour réactualiser le blues traditionnel, le plier aux sonorités actuelles et en conserver, voire en accentuer, la popularité auprès des jeunes amateurs.

Ceux qui l'ont vu sur scène lors de ses fréquentes tournées européennes savent que Freddie King était une véritable force de la nature : deux mètres de haut, une carrure de taureau, une guitare très électrifiée qui domine un groupe d'une rare homogénéité dans le Blues moderne.

Voici ce qu'écrivait Emmanuel Choisnel dans Soul Bag, numéro 32, compte-rendu du Festival de Montreux 1973 :

"L'étoile de la soirée fut Freddie King. Ce fut même à mon sens le meilleur show du week-end. Freddie est un monstre de la guitare et que dire de son chant ! Il est d'une intensité émotionnelle rare, surtout lorsqu'il interprète un morceau lent. Les instrumentaux en tempo médium sont sa spécialité. Sous ses doigts "Hide Away" ne s'écarte pas d'un pouce de la version King. C'est carré, sans bavure, impeccable ! Il utilise à fond les ressources de l'amplification tout en contrôlant merveilleusement le son de sa guitare. C'est là tout l'art de la guitare électrique : ne laisser échapper de l'ampli que les sons voulus, pas de sons parasites ni de distorsion inconsidérée."

"Je déteste les sonos trop puissantes, car je pense qu'elles indisposent l'auditeur. C'est vraiment casse oreille. La première année que je suis venu en Angleterre, je passais avec un groupe qui s'appelait "Chicken Shack", et j'étais comme assourdi toutes les fois qu'ils passaient, tellement c'était fort. Quand ils sont venus me demander ce que je pensais de leur musique, je leur ai dit de baisser un peu leur truc, pour que je puisse me faire une opinion. Ils étaient très étonnés du fait que, lorsque je passais, les gens se rapprochaient pour m'entendre, et s'éloignaient dès qu'ils commençaient leur tintamarre".

"Je possède un jeu de guitare ample, très fourni, très "étoffé", qui doit se trouver en opposition avec un background extrêmement solide. J'ai un truc qui marche bien, c'est de ne jamais m'interrompre pendant toute la durée de mon show, et d'enchaîner un morceau sur l'autre. Pour cela, il faut être une bonne équipe et avoir une longue habitude de la scène, parce que je n'ai pas de plan programmé, je joue ce qui me passe par la tête selon l'humeur du moment. Le plus important, c'est de tomber juste sur le bon tempo, et de partir ensemble, mais je crois qu'on est un peu devenu, par habitude, experts en la matière. Nous "cravachons" le morceau dès la première note, et alors, ça va tout seul !"

"D'autant plus qu'il y a quand même une alternance dans le tempo des morceaux que j'interprète : je caresse un blues très lent, très funky, et puis je démarre sans prévenir sur un morceau joué à toute vitesse. Il y a des bluesmen qui n'interprètent que des blues lents, Jimmy Rogers par exemple, dans lesquels ils mettent un feeling fou. Junior Parker faisait ça aussi, une voix douce sur un jeu de guitare doux. John Lee Hooker, qui est un de mes meilleurs amis, fait souvent ça aussi - son jeu n'est pas dans ma tradition, ce qu'il fait est plus "historique" que moi - mais quand il joue le blues, c'est rudement bien enveloppé ! J'adore ces tempos ultra-lents, sur lesquels il se met à parler… Je raffole littéralement de Sony Terry et de Brownie McGhee, ce sont d'étonnants artistes de blues, et Brownie joue de la guitare d'une façon fantastique, et interprète des blues qui sont très proches des miens. C'est un peu comme Lightnin' : il ne joue absolument pas dans le même style que moi et parfois j'entend dans son jeu une suite de notes que je vais retrouver dans mon phrasé, ce qui est assez surprenant. C'est aussi naturellement un bluesman que j'aime, avec ses histoires tristes racontées sur un fond de guitare "low down", d'une voix qui porte en elle toute la tristesse du monde. Moi aussi, quand je chante le Blues, j'ai un sentiment réel de tristesse. Quand le public est réceptif, j'ai envie de le combler. Comme je vous l'ai dit, je ne prépare pas mon "show" à l'avance, j'ai donc une très grande liberté dans le choix de mes morceaux. Lorsque je joue le blues, c'est que ça me fait plaisir, et que ça correspond à un besoin du moment. En fait, parmi les morceaux, je n'ai que l'embarras du choix, parce que je pourrais jouer pendant un mois entier sans refaire deux fois le même air. Et c'est vrai !"

: Compilé par JPS

 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ( © / D.R. )

Développement de l'histoire d'après : JACQUES PERIN - SOUL BAG N°58 - octobre 1976.

Interventions de Freddie King (en italique entre guillemets) :

Propos recueillis par : FRANÇOIS POSTIF - JAZZ HOT N°303 - mars 1974.

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GERARD HERZHAFT - ENCYCLOPEDIE DU BLUES - 1984, éditions Jacques Grancher, Paris.

JEAN BUZELIN - Notes de pochette du LP : Freddie King "Live In Nancy 1975 Vol. 2"
                             1989 - Esoldun INA, distribution Wotre Music

GUIDE AKAI 1985

COLIN LARKIN - THE VIRGIN ENCYCLOPEDIA OF BLUES - 1998, Virgin Books – Muze.

SHELDON HARRIS - BLUES WHO'S WHO - 1979, A Da Capo Paperback.

JAZZ & BLUES COLLECTION N°46 - Éditions Atlas 1985.