Il y a des disques
qu’on a sous le nez pendant un moment, que le regard n’effleure même pas,
obliquant à chaque fois vers d’autres choses, les yeux (s’en) fuyant sans
vraiment de bonnes raisons. Des albums qu’on laisse de côté, comme ça,
volontairement, trop occupés qu’on est à écouter des choses qui semblent
plus urgentes et qui correspondent à l’idée qu’on se fait du rock… Ou, plus
simplement, parce que ces disques ramènent à une certaine idée d’un rock,
même s’il est californien, hyper calibré, aseptisé même, machine à dollars
trop polie pour être honnête…des supers productions qui, sous leur
clinquant, masquent bien souvent des compositions qu’on trouve creuses,
médiocres. Et puis, un (beau) jour, (pourquoi celui-là ?), on ne sait pas
trop par quelle pulsion, par quelle magie, on ne réfléchit plus et on se
surprend à se jouer un de ces trucs. Et paf. Tout bascule… L’on se sent
envoûté, flottant dans un azur cotonneux, un sourire niais aux lèvres. Plus
rien de rationnel n’émane de vous. L’irrationnel justement a pris possession
de votre corps, de votre esprit, vous confondez le jour et la nuit, tenez
des propos incohérents et, pire, le disque, ce fameux skeud que vous
n’osiez approcher, ne quitte plus votre platine, est joué en boucle, comme
si plus rien d’autre n’existait.
Et, plus rien d’autre n’existe… à part ce "In Your Dreams"de Stevie
Nicks, l’ex chanteuse de Fleetwood Mac !!!
Envolés donc les a-priori, oubliés les arguments obscurs, reniées ces
fumantes déclarations à l’emporte-pièce sur ce que doit être un disque de
rock. Pfuit…
Exit ces branlettes ayatollesques, je laisse aux intellos exégètes le soin
de rétablir la vérité. Leur vérité, car je suis tombé fou amoureux de ce
disque et, c’est vrai, je ne sais même plus si c’est un bon disque ou pas.
Qu’importe, finalement. Tout me séduit. La voix de la belle, déjà. Ses
textes, qui parlent d’histoires d’amour, de romances sont certainement ses
meilleurs. La production soignée de Dave Stewart, ses arrangements
alambiqués, ses cordes (violons, violoncelles) magnifiques (Annabel Lee,
Italian Summer, extraordinaire titre). La musique jouée, savant
mélange de rocks (Ghosts Are Gone, époustouflant, In Your Dreams,
très "pettysien" !) et de balades à faire pleurer (Everybody
Loves You, Soldier’s Angel, You May Be The One, Wide Sargasso
Sea.). L’excellence des musiciens qui jouent (Bukingham à la guitare,
Mike Fleetwood, batterie, sur certains titres), tirent cet opus vers le
haut, le très haut même à tel point qu’avec In Your Dreams, on s’approche du
divin. En tout cas, pour moi, Dans Tes Rêves, est la bande son « rêvée »
d’un quotidien actuel, resplendissant de soleil. Un moment de vie où Mes
fantômes se sont également enfuis.