RONAN : "L'Homme
N'est Rien"
La Mouche Production (2010)
Un
one man blues band, armé d'un harmo, d'un banjo, d'un Dobro et de mots, aux
multiples influences bluesy qui ne dément pas avec son album "L'Homme N'est
Rien", c’est Ronan.
Dans son album ce sont de vrais mots qui percutent, là pour réveiller les
esprits. Des mélodies et des thèmes, bien souvent tirés du quotidien
sinistre, ou tristes. Des textes acerbes ou bien ciblés.
Quatre compositions viennent se mêler avec des reprises de morceaux, sans
jurer avec l'ensemble. Il s‘y exprime en français. C'est avec un regard
humain, tragique, violent mais d'une réalité accablante qu’il évoque les
blessures, les maux qui détruisent celui ou celle qu'on isole dans la
Société dans S.D.F. Il est accompagné de sa voix et sa guitare, et ce
sont un cœur et des tripes qui s'expriment !
Dans Utopie, le style est vif et s'envole et efface tout ce qui est
mauvais. Le seul contrepied dans l'album.
C’est une prise de position claire, avec Des mots, où sa voix profonde
chante des blessures, où un violon hurle sa douleur, montre ses cicatrices,
de ces innocents qui vivent des tragédies face au pouvoir de l'argent, de la
guerre et des armes "Pour quelques dollars rien ne vaut d'être fasciste".
C'est la douleur qui transpire dans la voix, dans les notes. Si les paroles
sont incisives, dérangeantes en français, sur des thèmes aussi douloureux
que la drogue avec Héroïne, la guerre avec des mots, la précarité
avec S.D.F, il n'en demeure pas moins que Ronan sait jouer la carte
de la légèreté dans Rollin' & Tumblin' de Muddy Watters. Le refrain
très imagé est mis en relief dans ce contraste si flagrant de cette voix qui
racle, qui accroche et ce bottleneck qui lui, glisse avec délectation le
long du manche.
C'est aussi avec recherche qu'il reprend Pony Blues et Preachin'
Blues, histoire de retourner aux sources des années 20 à 40. Avec
Catfish Blues, il relève le défi intéressant et habilement mené, de
mettre au gout du jour et tout en slide, mais en profondeur et rugosité avec
cette voix gutturale, dans ce rythme lancinant, ces vieux standards.
Sacré bonhomme que ce Ronan, seul, mais avec tant de cordes à son arc !