RICHARD RAY FARRELL : "I Sing The Blues Eclectic"
Blue Beet (2011)

Richard Ray Farrell continue de promener sa silhouette bonhomme sur les chemins internationaux du blues – cet habitant de Pennsylvanie ayant fait ses débuts dans les années 70 en jouant dans les rues et le métro de Paris, ayant vécu en Espagne, en Allemagne, ayant participé à diverses formations dont une ou deux avec feu Jimmy Carl Black, ex-batteur des Mothers Of Invention de Frank Zappa ou leader d'autres Mannish Boys aux côtés de Gary Primich – semant au cours de ses pérégrinations des CD tantôt électriques, tantôt acoustiques, en groupe, en solo, en duo, notamment avec Steve Guyger ou Marco Pandolfi, sans jamais, semble-t-il, atteindre la notoriété qu'il mérite pourtant. Car Richard Ray Farrell, bon chanteur, excellent harmoniciste, et guitariste hors pair – son jeu en acoustique, picking ou slide, aurait de quoi rendre jaloux les plus grands noms du genre ! - est ce que les Anglo-Saxons appellent un "musician's musician". Célèbre chez nos idoles, il est malheureusement encore peu connu du public blues.

Ce nouveau CD changera-t-il la donne ? Il en a certainement le potentiel. Car cette fois-ci, Farrell se s'est pas imposé de thème particulier. Ni entièrement acoustique, ni totalement électrique, voire pas 100% blues, pas même hommage aux grands disparus, bien que l'album soit dédié à son ami Big Jack Johnson, "The Oil Man" disparu juste avant la sortie du disque, Richard Ray a jeté sur le plastique ses compositions après les avoir enregistrées semble-t-il au gré des rencontres : on retrouve en effet Marco Pandolfi sur deux titres, le grand Bill Heid (Johnny Bassett, RJ Spangler) aux claviers, une fratrie aux chœurs sur un morceau, ici un washboard, là un souzaphone. Des compositions souvent autobiographiques, mais avec ce petit supplément d'humour qui fait la différence. Et malgré l'espèce de nonchalance qui se dégage à l'écoute de l'album – non dénué d'énergie, rassurez-vous, mais plus swing que tonitruante – on se dit que malgré l'excellence de ses derniers albums, Richard Ray Farrell pourrait bien avoir réalisé là son meilleur. Tout y est appréciable ! Les compos, bien sûr, on l'a dit, mais le jeu de chacun, les ambiances, les humeurs, le plaisir, omniprésent, tout contribue à faire de ce CD une sortie majeure. Difficile pourtant de mettre le doigt sur ce qui fait la différence, impossible même de dire ce qui fait de cet album de blues un album de blues pas comme les autres. Un supplément d'âme, peut-être ? Le mieux, c'est de vous procurer le CD, et vous comprendrez pourquoi Dick Shurman et Bruce Iglauer sont tout aussi enthousiastes que votre serviteur à son endroit.

: René MALINES
 

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