12 juillet 2010 | Par Emma saint-genez |
Jean-Pierre Savouyaud a deux passions : le blues et les chaussures. Mais il assure que c'est un hasard si son premier festival, monté avec un copain alors qu'il n'avait que 20 ans à Limoges, s'appelait « De la musique dans mes pompes ». Un flop avec déjà pourtant Little Bob à l'affiche, le bluesman qui a fait bouger samedi soir le parc des arènes alors que la chaleur tombait enfin. « À vue de nez, il y avait entre 1 800 et 2 000 personnes », se félicitait hier Jean-Pierre Savouyaud, dacquois depuis cinq ans après avoir quitté son Limousin natal via Bordeaux et Mont-de-Marsan, où il a tenu deux magasins de chaussures avant de mettre la clef sous la porte il y a 10 ans.
L'an dernier, l'association Acqs Motors'n blues festival et la municipalité lui avaient déjà confié la programmation de cette nouvelle manifestation mariant rassemblement de bikers et concerts de blues. Le Dax motors'n blues festival a cette année passé la vitesse supérieure avec plus de 900 repas servis samedi dans le parc, et quelque 700 motos stationnées dans l'enceinte à l'accès gratuit. Avec un mélange des générations et des styles qui n'était pas sans rappeler certaines soirées de Toros y Salsa.
Vers la troisième éditionSoutenu par la municipalité, l'événement ne demande qu'à s'ancrer dans le paysage dacquois et Jean-Pierre Savouyaud est plus que partant pour continuer à tracer le sillon aux côtés des autres 60 bénévoles. « J'ai déjà une troisième programmation prête. Des potes musiciens contactés via Facebook ».
Et des amis amateurs de blues et acteurs dans le milieu, Jean-Pierre Savouyaud en a quelques-uns. Comme Lonj, Mr Tchang, Raoul Ficel, Nico Wayne Toussaint ou Little Bob qui ont accepté cette année son invitation « à prix d'ami » (1). Parce que Jean-Pierre Savouyaud n'a pas nourri sa passion que de 45 tours écoutés en boucle dans sa chambre d'ado et de ses trouvailles de connaisseur ches les disquaires. Il a aussi noué des contacts, rencontré des musiciens, des attachés de presse, des programmateurs comme Michel Rolland, le directeur artistique de Cognac Blues passion qui était à Dax ce week-end. « À Limoges, j'organisais des concerts avec un copain, tout simplement pour faire venir les musiciens que nous écoutions et qui ne venaient jamais chez nous. » Backstage, « le deuxième groupe de Paul Personne », Charlélie Couture à ses tout débuts… Les salles sont plus ou moins remplies mais l'envie est là. Elle reste en sommeil pendant 18 ans alors que Jean-Pierre Savouyaud travaille pour feue la société Myrys.
Elle revient à Mont-de-Marsan sous la forme de l'association Trois Rivières Blues, puis BluesLandes qui organisent ponctuellement des concerts, en partenariat aussi avec Christine Jammet, l'ancienne directrice de la Récrée.
« Je n'ai pas de définition précise du blues. Chaque artiste et chaque courant est différent. Mais pour moi, par définition, c'est la musique des noirs américains. Je passe un peu pour un ayatollah en disant cela. Mais il y a seulement des blancs qui parfois jouent et chantent aussi bien que des noirs ! »
e.zineEn 2003, le Landais d'adoption crée un fanzine, « Virus de blues », qui doit réapparaître ces prochains mois sous la forme d'un e.zine militant sur le Net. Y signent aussi des connaisseurs du genre comme Dominique Lagarde ou Robert Sacré. Sur la radio locale MDM, Jean-Pierre Savouyaud anime également plusieurs émissions, toujours consacrées à la musique. Des activités bénévoles qui tendent à se professionnaliser. À 48 ans, l'ancien étalagiste est en effet sans emploi officiel, mais sollicité dans le milieu pour ses connaissances et son réseau : « Cela fait dix ans que je suis vraiment actif dans le domaine et maintenant, on me prend au sérieux ! »
La moto en revanche, ce n'est pas vraiment son truc, ni l'avion, lui qui n'a jamais mis les pieds aux États-Unis, berceau des rythmes qu'il adore : « J'aimerais bien un jour aller au festival de New Orleans. Mais ce n'est pas un rêve. Il n'y a pas besoin d'aller loin pour s'évader ! » La preuve, ce week-end, sur les berges de l'Adour où l'on réglait ses tournées en dollars !
(1) Budget global du festival, 60 000 euros avec le soutien financier et technique de la mairie.